Après une belle cérémonie de rentrée solennelle présidée par notre Ministre, Professeur Hervé NDOUME ESSINGONE, permettez-moi de partager avec vous quelques idées sur nos enjeux.
Le 7 février 2024, quand la Divine Providence et le Comité pour la Transition et la Réforme des Institutions (CTRI) m’ont proposé le poste de Recteur de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), je ne cache pas que j’ai été très surpris et inquiet.
Surpris parce qu’après le Vice-rectorat de 2009 à 2019, j’avais un peu fait le tour de la question et comme tout le monde le sait, j’étais passé à autre chose avec un certain épanouissement.
Inquiet parce que remplacer une icône comme le Professeur ELLA MISSANG pendant cette période de la transition, où le résultat est scruté, est un sacré challenge. Au nom de l'ensemble de la communauté de l'USTM et en mon nom propre, je veux lui exprimer nos sincères remerciements pour son énorme contribution au développement et à l'avancement de notre Université. Je n’hésiterai donc pas de lui demander conseils en cas de besoin car comme dit un proverbe chinois « Pour connaître la route devant toi, demande à ceux qui en reviennent. »
Mais en tant que chrétien, depuis l’annonce de ma nomination, un passage de la bible me revient continuellement. En Deutéronome 31:6 il est écrit : « Fortifiez-vous et ayez du courage ! Ne craignez point car l'Éternel, ton Dieu, marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne t'abandonnera point. »
Si certains peuvent arguer que mon accession au poste de Recteur de l’USTM c’est du déjà-vu, je répondrai que ce n’est pas du déjà essayé. Il est un fait d’être dans les backstages, il en est un autre d’être au-devant de la scène.
L’USTM est une communauté dynamique : d’un côté nos étudiants qui sont nos lumières les plus brillantes, d’un autre, nos formidables enseignants-chercheurs et je n’oublie pas notre personnel ATOS. Tout ce beau monde demande convivialité et respect.
Les missions de l’université sont connues : enseigner, faire de la recherche, faire connaître ce qui se fait intramuros et avoir un impact sur la vie de la cité et du pays. C’est en toute logique que quatre projets impactants nous ont été recommandés :
- ouvrir une faculté de Médecine, je dirai rurale ;
- ouvrir une école de Médecins et Techniciens vétérinaires, la première du pays et qui pourrait devenir régionale ;
- accueillir l’Ecole Doctorale Régionale en Infectiologie tropicale et toute la recherche dans le domaine des sciences et techniques ;
- accompagner le nouveau Centre universitaire Provincial de l’Ogooué Lolo (CUPOL).
C’est là un grand virage que nous amorçons cette année. Pour tous ces défis, je me réjouis de conduire l’USTM dans une phase exaltante de son développement.
La preuve est faite que malgré nos 38 ans d’existence, l’USTM était encore considérée comme une petite université. Dire petite université n’est pas dénigrer notre institution, au contraire la culture chaleureuse, ouverte et joyeuse que nous partageons, nous aide à nous construire. Mais la société se transforme à grande vitesse, nos schémas traditionnels sont chahutés, il faut donc nous adapter. L’adaptation à ces défis dénotera de notre résilience.
De mon point de vue, je pense que nous avons été assez visionnaires en réfléchissant à de nouvelles offres de formations lors du forum USTM-Entreprises. Les participants ont planché sur des parcours académiques éclairants. Les conclusions de ce rassemblement trouvent dans nos filières une meilleure façon de nous développer, pour servir notre pays.
De même la première Conférence des Recteurs et des Directeurs des Institutions d’Enseignement Supérieurs et de Recherche (IESR) du Gabon, organisée dans nos locaux, nous impose de conduire l’USTM autrement :
- garantir un outil pour la promotion de la qualité dans toutes nos activités ;
- cultiver chez nos apprenants l’esprit d’entrepreneuriat ;
- assurer une paix entre toutes les composantes ;
- relever le niveau de vagues d’étudiants que nous recevons chaque année en accompagnant en amont les formations dans les lycées ;
- revoir nos méthodes d’enseignement et d’apprentissage à la faveur d’évaluations internes et externes et en s’ouvrant à l’enseignement par vidéo.
En effet la mise en place d’une Cellule Interne d’Assurance Qualité (CIAQ) aura pour objectif de renforcer les outils et processus de gestion pédagogique. L’incubateur qui nous accompagnera bientôt, initiera chacun de nos étudiants à la création d’entreprises. La réflexion menée sur la mise en place d’un Comité Social d’Administration (CSA) est une solution inédite de penser au mieux-être de nos agents. L’Espace Numérique Ouvert (ENO) que nous allons acquérir ne se contentera pas d'être un laboratoire d’innovation pédagogique, il reflète notre vision de l'éducation et notre engagement envers l’excellence et le bien-être pédagogique de nos apprenants, car il démultiplie les outils et les possibilités d’apprendre autrement.
Ces projets feront que notre communauté continuera de croître. Hier encore l’USTM comptait 2000 étudiants. Passer à plus de 4000 apprenants en cette année académique 2024-2025, montre symboliquement que ce flux n’est pas dû au hasard mais à l’attractivité de notre université.
Tous ces chantiers demandent, vous vous en doutez, abnégation et pragmatisme.
Aux différents responsables, au lieu d'être des rochers, devenons des éponges. Quand on place un rocher dans l'océan, Il est humide en surface, mais l’intérieur reste toujours dur et sec. Une éponge voit sa texture modifiée. Au contact des difficultés que nous impose notre quotidien, nous devons nous adapter et trouver ensemble des solutions.
Depuis notre prise de fonction, j’ai organisé plusieurs réunions de cabinet, rencontré étudiants, enseignants-chercheurs, personnels ATOS, responsables politico-militaires et administratifs, car j’ai la conviction que c’est en se parlant que s’incarne le mieux le modèle d’une vie inspirante. Une phrase est devenue notre leitmotiv : «écoutons les murmures d’aujourd’hui pour éviter d’entendre les bruits de demain. »
Parfois nos égos peuvent nous empêchent de travailler ensemble, mais personne ne peut croire pouvoir faire tout, tout seul. Chacun de nous possède des angles morts et a besoin d’un regard extérieur pour se situer. N’ayons donc pas peur de la critique lorsqu’elle est constructive.
Chers collègues, aujourd’hui les universités publiques connaissent une forte concurrence des institutions privées qui ont des arguments de poids, ce qui nous oblige à travailler deux fois plus, pour proposer un meilleur dispositif aux apprenants. Dans notre cas le challenge est de rehausser le nom et le statut de l'Université des Sciences et Techniques de Masuku. Nous n’avons pas le temps de tergiverser car le monde extérieur n’a de cesse de nous rappeler que l’action de l'université ne se limite plus à l'éducation et à la recherche scientifique mais s’étend désormais à servir la communauté et l'environnement.
J'ai pleinement confiance en vous, mes amis et collègues, pour vous joindre à moi dans ce long et fascinant voyage commencé en février 2024. Je voudrai emprunter au Président de la Transition ces propos ; ENSEMBLE construisons l’USTM, ENSEMBLE construisons le Gabon.
Je vous remercie,
Professeur Raphaël BIKANGA
Professeur des Université et Grandes Ecoles
Chevalier de l’OIPA/CAMES